« Mon monde est trop petit; j’en ai besoin d’autres »

Les théologiennes anabaptistes examinent les possibilités d’un réseau mondial

Par Virginia A. Hostetler, avec les reportages de Harriet Sider Bicksler et d’Elina Ciptadi-Perkins

Harrisburg, Pennsylvanie (É.-U.) — Au Rassemblement de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM), du 21 au 25 juillet 2015, les femmes anabaptistes se sont réunies pour une première fois afin d’examiner les possibilités de former un réseau mondial des femmes anabaptistes.

Réunies en session, par groupes régionaux, des femmes de l’Asie, de l’Amérique latine, de l’Amérique du Nord et de l’Europe ont été mises au courant de ce qui se fait déjà, puis ont considéré comment elles pourraient travailler ensemble au sein de réseaux plus formels dans leurs propres régions.

Ces sessions ont été suivies d’une rencontre commune le vendredi après-midi où les femmes de tous les continents étaient invitées à donner leur opinion sur la possibilité d’un réseau mondial. La rencontre de trois heures et demie a été animée par les théologiennes de l’Amérique latine et comprenait une liturgie, des chants, de l’expression gestuelle et de l’art ainsi que des rapports et des discussions en groupe. Près de 100 femmes ont participé à la rencontre.

Les participantes ont examiné deux grandes questions : Ya-t-il un besoin pour un réseau mondial de théologiennes? Quelle serait la fonction de ce réseau?

Au sujet du besoin, les participantes latino-américaines ont répondu avec enthousiasme : « Si! »

Parmi les commentaires recueillis, on trouve notamment « Je sais que mon monde est trop petit, j’en ai besoin d’autres ».

Les femmes ont décidé par consensus d’aller de l’avant et de nommer des personnes contacts dans chaque région pour la mise en œuvre.

Au cours des années, la CMM a soutenu des opportunités de réseautage et de formation théologique pour les femmes. Or, parmi les 150 délégués du Conseil Général qui se sont réunis du 16 au 20 juillet, on comptait moins d’une douzaine de femmes. Une femme du Sud s’est exclamée : « Est-ce cela l’égalité? Est-ce que c’est juste? Dans nos églises, les femmes sont majoritaires! » Une autre a ajouté : « Sans la voix des femmes, nous manquons la moitié de la sagesse de Dieu. »

(Le Conseil Général est formé de responsables d’église de partout dans le monde, choisis par les conférences et les églises membres de la CMM.)

Réseaux régionaux

Le mouvement des théologiennes a pris naissance en Afrique avec la formation du groupe « Théologiennes Anabaptistes Africaines » en 2001. En partenariat avec Mennonite Church USA et la CMM, le groupe a encouragé et facilité la formation théologique des femmes de divers pays africains. Le groupe africain ne s’est pas rencontré à Harrisburg.

Au Rassemblement de la CMM au Zimbabwe, en 2003, les femmes latino-américaines ont été inspirées par leurs sœurs africaines. Elles ont alors formé le mouvement des Théologiennes latino-américaines et ont tenu leur première rencontre continentale en 2009 au Rassemblement de la CMM au Paraguay.

Au Rassemblement de 2015, les femmes latino-américaines ont exprimé leur appréciation à l’égard du programme Sister Care de Mennonite Church USA dans plusieurs pays de l’Amérique latine.

Des conversations ont débuté en Inde en 2012 à propos d’un réseau des théologiennes asiatiques appelé Theologically Trained Anabaptist Women of India (Femmes anabaptistes de l’Inde diplômées en théologie). C’est une initiative locale, approuvée par la CMM, pour former et habiliter sur le plan théologique les femmes anabaptistes. Au Rassemblement de 2015, elles ont poursuivi leurs conversations.

Il n’existe pas de réseau formel en Europe ou au Canada et aux États-Unis, mais les femmes se sont réunies en groupes régionaux à Harrisburg pour examiner les possibilités.

PA 2015

Possiblement le reflet d’une réalité plus grande de la lutte des femmes pour l’obtention d’une reconnaissance et d’un statut dans l’église, la salle de rencontre désignée pour les réunions des théologiennes était située à l’extrémité du Champ de Foire, loin de la cafétéria et des aires de rencontres, avec peu de panneaux de signalisation le long du chemin.

Quelques questions soulevées pendant les sessions à PA 2015 :

  • Qui est théologien? Certains groupes ont étoffé la définition en incluant les femmes qui font du travail pastoral et communautaire. On a aussi reconnu que les femmes « font » de la théologie différemment des hommes.
  • Qu’est-ce que les femmes peuvent faire pour connaître leurs sœurs des autres pays et marcher avec elles en dépit des différences et des distances?
  • Comment les jeunes femmes peuvent-elles être encouragées à s’engager en théologie?
  • La structure de la CMM sert-elle à faire ces connexions?
  • Qu’est-ce que les femmes peuvent offrir à la CMM et qu’est-ce qu’elles peuvent demander à la CMM?

Les rencontres ont aussi eu une expression artistique collective. Audrey Kraybill, une artiste et pasteure de Lancaster en Pennsylvanie a dirigé un projet de découpage intitulé « Femmes en conversation ».

À la grande réunion commune du vendredi, les participantes ont signé l’œuvre d’art collective avec l’intention de l’envoyer aux femmes de la République démocratique du Congo qui n’ont pas obtenu de visa pour assister au Rassemblement.

Virginia A. Hostetler est éditrice Web pour The Canadian Mennonite. Elle faisait partie de l’équipe de rédaction Meetinghouse qui a couvert les sessions plénières au 16e Rassemblement.